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flashespace
Yvan Baillion, quel est vôtre rôle dans ce programme ?
Yvan Baillion
Je suis responsable du programme Sentinelle-3 pour Thales
Alenia Space (TAS) qui, je le rappelle est le maitre d'œuvre
industriel choisi par l'Agence spatiale européenne. A ce titre,
je suis responsable de l'exécution de toutes les tâches industrielles
qui nous ont été confiées par l'ESA.
Cela inclut les tâches de management, de gestion du planning,
du budget et celles liées aux aspects qualités et techniques.
Elles couvrent le développement du satellite et la définition
des algorithmes de premier niveau pour le traitement des données
(algorithmes liés aux aspects géométriques, orbitaux et aux
aspects satellites).
Mon rôle est donc de coordonner l'équipe projet au sein de
TAS et celles de la centaine de partenaires sélectionnés par
Thales Alenia Space et l'ESA selon un processus strictement
réglementé. Ces partenaires se répartissent dans toute l'Europe
et apportent leur expertise spécifique au développement de
ce projet.
Je suis donc l'interface principale du client et de la direction
de Thales Alenia Space auxquels je dois rendre compte.
flashespace
Ce n'est pas la première fois que l'ESA choisie Thales
Alenia Space pour ce type de satellite
Yvan Baillion
Effectivement non. Ce domaine de l'océanographie nous tient
particulièrement à cœur puisque nous nous y impliquons avec
succès depuis près de 20 ans. Notre société y est reconnue
en tant que précurseur européen, grâce notamment au succès
des altimètres Poséidon et de MERIS, instrument phare du programme
ENVISAT. Toute notre expertise dans le domaine de l'observation
de la Terre ainsi que dans la réalisation de radars sera mise
au service du programme Sentinelle 3.
flashespace
Vous allez construire uniquement le satellite ?
Yvan Baillion
Non, en plus de son rôle de maitre d'œuvre, Thales Alenia
Space réalisera l'avionique et 2 des 4 instruments du satellite.
On va réaliser un altimètre radar et 1 des 2 instruments optiques
dédiés aux observations de la couleur des océans et des terres
émergées. Par ailleurs, Thales Alenia Space réalisera aussi
la plate-forme via son site de Rome.
L'altimètre radar sera une version évoluée de SIRAL-2, l'instrument
scientifique principal du satellite CryoSat-2 (lancé fin 2009)
et de l'altimètre Poséidon-3 intégré sur Jason -2 et en orbite
depuis l'an passé. Quant à l'imageur, il est l'hériter de
MERIS qui vole actuellement sur Envisat.
flashespace
Revenons à Sentinelle-3. Vous avez une feuille de route
?
Yvan Baillion
Oui, bien sur. La première étape a été franchie fin 2008 avec
la Revue de définition (PDR). Elle concluait la phase de définition
et les choix techniques. Elle a permis de confirmer le plan
de développement du satellite et que les algorithmes de traitement
répondent aux besoins exprimés par l'ESA.
Elle nous a également permis de nous assurer que les interfaces
externes du satellite étaient compatibles avec le lanceur
et le segment sol. C'est vraiment une phase essentielle car
c'est là qu'on définit complètement le système et qu'on autorise
le début de la fabrication de certains éléments.
Suite à cette étape, nous avons démarré la phase de développement
qui va permettre d'atteindre les revues de définition détaillée
des différents éléments (CDR). Cela va débuter en 2010 et
se poursuivre jusqu'à la fin de l'année jusqu'à la Revue de
définition détaillé du satellite (Critical Design Review).
En 2010, nous allons aussi commencer à recevoir les premiers
modèles de vol des équipements du satellite pour permettre
l'assemblage des instruments et de la plateforme.
Au milieu 2011, nous allons débuter l'intégration du satellite
et tous les tests qui vont permettre de s'assurer de ses performances,
de sa résistance à l'environnement de lancement et à celui
de son orbite. La fin de tous ces tests permettra l'acceptation
du satellite pour le lancement au travers de la Flight Acceptance
Review (fin 2012), quelques mois avant le lancement du satellite
prévu au premier trimestre 2013, voire premier semestre, en
fonction de la disponibilité du lanceur Vega.
flashespace
Vous pouvez nous donner des détails techniques sur le satellite
?
Yvan Baillion
Avant de répondre à votre question, je précise que le caractère
opérationnel de la mission nous contraint à une grande fiabilité
et disponibilité des instruments embarqués et à une durée
de vie allongée du satellite par rapport à ce qui est fait
d'habitude.
Partant de là, nous avons évidemment abordé avec l'ESA les
questions de la configuration du satellite et des technologiques
que nous utiliserons. Les choix ont été initiés dans la phase
amont du programme que nous avons faite avec notre client
en 2006-2007.
Un des premiers critères qui a dicté notre choix, et cela
ne surprendra personne, a été le respect du budget. Ensuite,
nos choix l'ont été par les performances spécifiées par l'Agence
spatiale européenne qui, sur Sentinelle-3, sont relativement
élevées.
flashespace
Sans trop entrer dans les détails et sur la base
de ces critères, vous pouvez citer les principaux choix
techniques ?
Yvan Baillion
- La décision d'embarquer tous les instruments sur le même
satellite tout en restant compatible pour un lancement sur
un petit lanceur (Vega en l'occurrence);
- Le choix d'un seul panneau solaire associé à une configuration
de vol longitudinal qui permet d'avoir une importante face
froide pour le satellite. C'est essentiel pour le contrôle
thermique des instruments optiques;
- Autre choix important. La gestion des événements de bord
basée sur la position du satellite et non pas sur le temps.
Cela permet une très forte autonomie. Le satellite sachant
où il se trouve sur l'orbite grâce au récepteur GPS, saura
ce qu'il a à faire grâce à des consignes stockées à bord.
Concrètement, on n'a pas besoin de lui envoyer fréquemment
des commandes depuis le sol pour le dire " à telle heure tu
fais ça ". Cela donne une très grande flexibilité pour les
opérations car il n'est plus nécessaire de prédire la dérive
de l'orbite pour programmer ces opérations.
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