Sentinelle-3 :  Mission opérationnelle d'océanographie et de surveillance des terres émergées


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15.06.09


François Paoli, responsable technique du satellite (Thales Alenia Space)
 


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François Paoli, quel est vôtre rôle dans ce programme ?

F. Paoli
Mon rôle c'est d'être responsable technique du satellite. C'est un rôle de coordination des nombreux collaborateurs intervenant sur le projet. Ces spécialistes que l'on appelle des architectes agissent dans des domaines aussi variés que la mécanique, l'électricité ou encore le commande-contrôle.

Mon champ d'application couvre également les sous-traitants.

Concrètement, je vérifie la documentation émise par TAS et nos sous-traitants et je fais des choix d'arbitrage entre les différentes spécialités. C'est ce que l'on appelle l'ingénierie système. Cela permet de trouver quel est le meilleur compromis entre les différents paramètres tels que la masse les performances et aussi le coût. Ce rôle est très corrélé avec les aspects couts et techniques.

On a d'ores et déjà établi la " design specification ", c'est-à-dire la spécification technique du satellite en fonction de l'exigence de niveau système de l'Agence spatiale européenne. Concrètement, on doit décliner ces exigences système du client plus précisément dans une spécification pour le satellite. A partir de là, on trace les exigences vers les sous-systèmes et les instruments.

Ce rôle couvre également les études comparatives de design effectuées pour essayer de trouver le meilleur compromis possible et l'architecture la mieux adaptée pour le satellite, en fonction des paramètres cités précédemment (phase B).


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Où en est le programme aujourd'hui ?

F. Paoli
La phase B s'est achevée avec la Revue de définition de fin 2008 qui a permis de valider les choix initiaux. Maintenant on est plus dans l'avancement technique de détail, la phase C/D dans notre jargon. On entre dans une phase où l'on va définir plus précisément les tests et toutes les séquences de validation qui seront effectuées sur les sous-systèmes et les logiciels. L'étape suivante sera la construction du satellite proprement dite.


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Et sur la question des contraintes techniques, que pouvez-vous nous dire ?

F. Paoli
L'autonomie et la durée de vie sont 2 des clés de la réussite de ce programme. Sur ces 2 questions, il faut savoir que jusqu'à présent, on faisait des satellites en orbite basse avec des durées de vie typiquement de 3 ans avec une extension à 5 ans. Avec Sentinelle-3, on passe à 7 ans avec une demande de l'ESA de regarder la faisabilité de l'étendre à 12 ans ! Par rapport à ces générations précédentes, Sentinelle-3 est un satellite qui sera beaucoup moins en interaction avec le sol, ce qui va faciliter la tâche des utilisateurs.

Du coup, cela nous oblige à faire un satellite avec des exigences de fiabilités assez grandes. Il faut gérer les redondances à bord avec la possibilité de passer sur un équipement redondant quand l'un tombe en panne et de faire se que l'on appelle du " cross-strapping " c'est-à-dire de d'interconnecter les équipements les uns avec les autres de manière pour pouvoir constamment garder cette chaine d'équipements qui fonctionne.


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Et les moteurs de correction de trajectoire ?

F. Paoli
On a choisi une architecture originale sur Sentinelle-3. On a mis des moteurs de classe d'1 newton de chaque côté du satellite qui poussent dans les 2 sens pour justement avoir à éviter de faire un retournement du satellite pour les orienter. Cela permet de repositionner le satellite régulièrement sans avoir à interrompre la mission.

Ces petits moteurs seront utilisés pendant au moins 7 ans, ce qui signifie qu'ils seront fortement sollicités pendant cette mission.


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Ils sont fiables sur une durée aussi longue ?

F. Paoli
On a réfléchi à ce problème. On est en train d'optimiser nos lois de contrôle d'orbite de façon à moins les solliciter malgré la durée de vie qui pourrait atteindre 12 ans. Ce sont quand même des petits moteurs.


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Quelles contraintes vous impose l'orbite basse ?

F. Paoli
Plusieurs.

Sentinelle-3 passera un tiers de son temps en éclipse. On doit avoir des batteries à bord pour maintenir la distribution de l'énergie. Il y a 14 éclipses par jour et si on multiplie par la durée de vie initiale de 7 ans, on se rend compte que ces batteries seront fortement sollicitées.

Le fait d'avoir plusieurs charges utiles embarquées sur un satellite de taille moyenne nous impose des contraintes différentes propres aux instruments. Celles des instruments optiques sont liées à la propreté, la contamination de leurs optiques et au pointage et à la stabilité attendus très précis. Il faut également refroidir les plans focaux c'est pour cela que l'on a gardé une face froide sur le satellite. Quant aux instruments radio, ils ont des contraintes d'auto compatibilité RF et électromagnétique.

Quand on prend en compte tous ces paramètres on a un satellite avec des contraintes de design assez forte.


 


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