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François Paoli, quel est vôtre rôle dans ce programme ?
F. Paoli
Mon rôle c'est d'être responsable technique du satellite.
C'est un rôle de coordination des nombreux collaborateurs
intervenant sur le projet. Ces spécialistes que l'on appelle
des architectes agissent dans des domaines aussi variés que
la mécanique, l'électricité ou encore le commande-contrôle.
Mon champ d'application couvre également les sous-traitants.
Concrètement, je vérifie la documentation émise par TAS et
nos sous-traitants et je fais des choix d'arbitrage entre
les différentes spécialités. C'est ce que l'on appelle l'ingénierie
système. Cela permet de trouver quel est le meilleur compromis
entre les différents paramètres tels que la masse les performances
et aussi le coût. Ce rôle est très corrélé avec les aspects
couts et techniques.
On a d'ores et déjà établi la " design specification ", c'est-à-dire
la spécification technique du satellite en fonction de l'exigence
de niveau système de l'Agence spatiale européenne. Concrètement,
on doit décliner ces exigences système du client plus précisément
dans une spécification pour le satellite. A partir de là,
on trace les exigences vers les sous-systèmes et les instruments.
Ce rôle couvre également les études comparatives de design
effectuées pour essayer de trouver le meilleur compromis possible
et l'architecture la mieux adaptée pour le satellite, en fonction
des paramètres cités précédemment (phase B).
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Où en est le programme aujourd'hui ?
F. Paoli
La phase B s'est achevée avec la Revue de définition de fin
2008 qui a permis de valider les choix initiaux. Maintenant
on est plus dans l'avancement technique de détail, la phase
C/D dans notre jargon. On entre dans une phase où l'on va
définir plus précisément les tests et toutes les séquences
de validation qui seront effectuées sur les sous-systèmes
et les logiciels. L'étape suivante sera la construction du
satellite proprement dite.
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Et sur la question des contraintes techniques, que pouvez-vous
nous dire ?
F. Paoli
L'autonomie et la durée de vie sont 2 des clés de la réussite
de ce programme. Sur ces 2 questions, il faut savoir que jusqu'à
présent, on faisait des satellites en orbite basse avec des
durées de vie typiquement de 3 ans avec une extension à 5
ans. Avec Sentinelle-3, on passe à 7 ans avec une demande
de l'ESA de regarder la faisabilité de l'étendre à 12 ans
! Par rapport à ces générations précédentes, Sentinelle-3
est un satellite qui sera beaucoup moins en interaction avec
le sol, ce qui va faciliter la tâche des utilisateurs.
Du coup, cela nous oblige à faire un satellite avec des exigences
de fiabilités assez grandes. Il faut gérer les redondances
à bord avec la possibilité de passer sur un équipement redondant
quand l'un tombe en panne et de faire se que l'on appelle
du " cross-strapping " c'est-à-dire de d'interconnecter les
équipements les uns avec les autres de manière pour pouvoir
constamment garder cette chaine d'équipements qui fonctionne.
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Et les moteurs de correction de trajectoire ?
F. Paoli
On a choisi une architecture originale sur Sentinelle-3. On
a mis des moteurs de classe d'1 newton de chaque côté du satellite
qui poussent dans les 2 sens pour justement avoir à éviter
de faire un retournement du satellite pour les orienter. Cela
permet de repositionner le satellite régulièrement sans avoir
à interrompre la mission.
Ces petits moteurs seront utilisés pendant au moins 7 ans,
ce qui signifie qu'ils seront fortement sollicités pendant
cette mission.
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Ils sont fiables sur une durée aussi longue ?
F. Paoli
On a réfléchi à ce problème. On est en train d'optimiser nos
lois de contrôle d'orbite de façon à moins les solliciter
malgré la durée de vie qui pourrait atteindre 12 ans. Ce sont
quand même des petits moteurs.
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Quelles contraintes vous impose l'orbite basse ?
F. Paoli
Plusieurs.
Sentinelle-3 passera un tiers de son temps en éclipse. On
doit avoir des batteries à bord pour maintenir la distribution
de l'énergie. Il y a 14 éclipses par jour et si on multiplie
par la durée de vie initiale de 7 ans, on se rend compte que
ces batteries seront fortement sollicitées.
Le fait d'avoir plusieurs charges utiles embarquées sur un
satellite de taille moyenne nous impose des contraintes différentes
propres aux instruments. Celles des instruments optiques sont
liées à la propreté, la contamination de leurs optiques et
au pointage et à la stabilité attendus très précis. Il faut
également refroidir les plans focaux c'est pour cela que l'on
a gardé une face froide sur le satellite. Quant aux instruments
radio, ils ont des contraintes d'auto compatibilité RF et
électromagnétique.
Quand on prend en compte tous ces paramètres on a un satellite
avec des contraintes de design assez forte.
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