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En cours de développement, ce satellite de l’Agence spatiale européenne est dédié à l'observation de la machine climatique terrestre. Responsable du programme Sentinelle-3, Yvan Baillion, de Thales Alenia Space, fait le point sur ce programme ambitieux.
Sentinelle-3 fait partie d'une mission d’observation de la surface des océans et des terres émergées au moyen d'instruments optiques à moyenne résolution fonctionnant dans le visible (couleur), le proche infrarouge et l'infrarouge lointain (température), mais aussi d’instruments radar fonctionnant par tout temps et permettant notamment de déterminer les hauteurs des océans et des grands lacs.
Ce satellite appartient à la famille des Sentinelle, un ensemble de satellites dédiés à l’observation de la Terre, qui s’inscrit dans le programme européen GMES de surveillance globale pour l'environnement et la sécurité. Ce projet est une initiative conjointe de l’Esa et de l’Union européenne qui vise ainsi à fédérer et rationaliser les activités européennes d’observation de la Terre et d’atteindre une indépendance.
Débuté fin 2007, le développement du satellite est à peu près à mi-parcours. Yvan Baillion, le responsable du programme Sentinelle-3 pour Thales Alenia Space nous explique ce qui a été réalisé en 2009 et ce qui va être fait cette année qui verra l’arrivée les premiers éléments de vol du satellite.
En 2009, on retiendra que de nombreuses « revues » (séries de vérifications du programme ou de l'engin) ont jalonné l’année et qu’un certain nombre de modèles d’ingénierie et structuraux sont arrivés chez Thales Alenia Space, ainsi que les premiers équipements de vol.
Thales Alenia Space et l’Agence Spatiale Européenne ont finalisé le cadre contractuel de la phase C/D. Des demandes supplémentaires (essentiellement des tests) de la part de l’ESA ont été actés et le calendrier du programme a été consolidé de sorte que l’on se dirige vers une « revue finale d’acceptation » (le satellite sera alors déclaré prêt pour le lancement) en décembre 2012 pour un tir prévu au premier trimestre 2013, voire le premier semestre, en fonction notamment de la disponibilité de Véga. Ce lanceur étant en développement, il existe en effet une petite incertitude sur sa disponibilité exacte à cet horizon. Pour parer à cette éventualité, Sentinelle-3 est également compatible pour un lancement avec Eurockot et avec Soyouz.
Les deux partenaires ont également bien avancé sur la préparation du contrat portant sur un deuxième satellite Sentinelle-3. Il serait construit par Thales Alenia Space et compléterait la mission Sentinelle-3 en permettant d’atteindre la couverture temporelle requise (par exemple, la couverture globale de la Terre en 2 jours avec l’instrument couleur de l’eau). Le lancement de Sentinelle-3B est prévu de 18 à 36 mois après celui de Sentinelle-3A pour une durée de vie d’au moins 7,5 ans mais avec un objectif de 12 ans.
Rémy Decourt : Dites-nous en plus sur les revues réalisées tout au long de 2009 ?
Yvan Baillion : En 2009, nous avons terminé les revues de définition préliminaire des différents éléments du satellite (la plateforme, les équipements, les instruments) et avons réalisé les premières revues de définition détaillée de certains équipements du satellite. Ces dernières revues nous ont notamment permis de déterminer comment chacune des performances et spécifications de l’objet développé sera vérifiée. C’est un processus assez minutieux et complexe qui doit s’achever au second semestre 2010 avec la revue de définition détaillée des instruments et de la plateforme.
RD : Pas de problème particulier ?
Yvan Baillion : Nous avons remarqué quelques anomalies. Nous les avons corrigées au fur et à mesure qu’elles se présentaient. A proprement parler, nous n’avons pas d’inquiétude particulière si ce n’est celle de respecter les délais et de faire de gros efforts pour maintenir la masse du satellite en dessous de 1,25 tonne.
RD : Vous n’êtes quand même pas à des dizaines de kilos près ?
Yvan Baillion : Détrompez-vous, aujourd’hui on est très proche des capacités de lancement de Vega. Or Vega est un lanceur en développement qui n’a pas encore volé. Il subsiste donc des incertitudes sur ses capacités opérationnelles. Nous avons une masse très proche de cette limite. Il y a donc des contraintes importantes pour maîtriser la masse du satellite.
Nous sommes optimistes. Ce risque est bien moins élevé que lors de la de la revue de définition préliminaire (fin 2008) qui faisait apparaître un risque important. Par la suite, de nombreuses actions ont permis de réduire ce risque à des niveaux plus acceptables.
On le garde néanmoins à l’esprit.
RD : Un programme dense en 2010 ?
Yvan Baillion : Effectivement. Au niveau des quatre principaux instruments notamment, 2010 s’annonce très chargée avec l’objectif de réussir toutes les revues de définition détaillée associées. En parallèle, de nombreux essais sur les modèles de développement permettront de consolider les performances du satellite.
L’année s’achèvera avec la revue de définition détaillée du satellite qui va s’étaler entre décembre 2010 / janvier 2011.
RD : Concrètement, quand débutez-vous la construction du satellite ?
Yvan Baillion : Eh bien cette année. On va, par exemple, recevoir les premiers éléments de vol pour un début d’intégration de la plateforme en septembre 2010. Du côté des instruments aussi, les assemblages des différents éléments vol commenceront cette année.
RD : Une étape importante ?
Yvan Baillion : Oui, essentielle. On se rend compte qu’il ne nous restera que deux ans pour l’assembler entièrement et le tester. C’est court compte tenu de l’exhaustivité des tests à mener mais ce sera suffisant.
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